A comme – Les Fêtes de l’Argonne

Avant l’urbanisation exponentielle d’Orléans dans les années 60, les quartiers Est d’Orléans étaient organisés en faubourgs selon les grands axes routiers : Bellébat, l’Argonne, la Barrière Saint Marc, et Saint Marc. Dans tout Orléans se multipliaient des fêtes de quartier durant lesquelles les riverains rivalisaient d’imagination pour surpasser les quartiers voisins. Au-delà d’une compétition, ces fêtes étaient le prétexte à visiter les autres quartiers d’Orléans puisque tous étaient bienvenus.

A l’Argonne, les fêtes étaient organisées par le Comité des Fêtes et de Défense de ses habitants. Le Comité a été créé en 1935 après que la centaine de logements dans les cités Rouge et Bleu soient habités. Ce comité était constitué d’une douzaine de membres. Au gré des époques se sont succédé Edgar Dargery et Le Provost (Présidents), M Villain (secrétaire), M Luizard (Trésorier), puis Mme Lydie Gascoin (Trésorière) et M Désbrée, Fortin, Boudet, Destat, Augeray, Meunier, Resneau, Bernardeau, Bellouet, Lachautre, Méchin, Gaucher, Boudet.

Caricature du Comité qui comprenait MM Meunier, Resneau, Bernardeau, Bellouet, Desbrée, Lachautre, Méchin, Gaucher, Boudet et Le Provost (Président). Article dans La République du Centre du 8 septembre 1953.

Le Comité s’est rapidement attelé à l’organisation de trois fêtes annuelles : le théâtre de verdure, la fête foraine le 1er dimanche de septembre (commençant le samedi et finissant le lundi soir) et l’arbre de Noël.

Le Théâtre de Verdure

Le Théâtre de Verdure était un spectacle en plein air organisé en juin dont le programme était établi depuis Pâques. Il se tenait en plein air sur la place Louis-Loucheur, dans la Cité Rouge. Il pouvait s’agir de chansons, de pièces de théâtre, de numéros de music-hall ou de musique, clowns, acrobates. Chants viennois, chansons cubaines, spectacle de danse du « Corps de ballet de l’Etoile de l’Argonne »… Entre Pâques et juin, les jeunes et moins jeunes répétaient leurs rôles ou leurs partitions. Les costumes étaient fabriqués par les épouses des membres du Comité et par les familles. Le spectacle était payant. La recette servait à la préparation de la Fête foraine de septembre pour payer les musiciens ainsi que les sociétés de gymnastes ou de majorettes. A cette occasion, le Comité fournissait aux familles le papier crépon qui leur servira, pendant l’été, pour préparer les chars de la Fête foraine et la décoration des maisons.

La Fête foraine

La fête foraine avait lieu le 1er dimanche de septembre. Elle commençait le samedi et finissait le lundi soir). Pour cette occasion, les commerçants décoraient avec des guirlandes, des branches de sapin et des fleurs en papier multicolore. Pour les particuliers, un sapin était garni de fleurs en papier et déposé sur le trottoir devant chaque maison.

Les forains (confiseries, manèges, stand de tir, loterie…) s’établissaient dès le vendredi au carrefour de la rue de l’Argonne et de la Rue de Reims qui s’appelait encore Rue du Fil Soie à l’époque. La buvette était organisée par M et Mme Rouillé. Le samedi soir un spectacle (chanteurs, conteurs, comiques, danseuses, clowns) était organisé Place Louis Loucheur.

Le dimanche à 14h commençait la cavalcade avec corso fleuri. Celui-ci défilait depuis la gare d’Orléans jusque dans les rues du quartier avec musique invitée. On comptait parmi les chars celui de la Reine et de ses demoiselles d’honneur mais aussi l’Argonne Circus et des chars pour chaque saison. Ce corso était accompagné par les musiques des villes environnantes, par des groupes d’enfants costumés, et par les gymnastes des Cercles de Sport d’Orléans. Après le défilé, les musiques donnaient un concert et les gymnastes faisaient des démonstrations. Le dimanche soir était organisée une retraite aux flambeaux et aux lampions qui se terminait par un bal avec orchestre jusqu’à tard dans la nuit.

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Le lundi après-midi était réservé aux activités pour les enfants, avec un défilé dans le quartier. Les jeux comprenaient des courses en sac de toile de jute, des courses de brouettes, des courses de lenteur à vélo, le jeu du casse-pot pour les garçons, des concours de grimaces, des concours de vélos et de poussettes fleuris, des marcher sur les mains. Les filles pouvaient s’adonner au jeu de ciseaux durant lequel, les yeux bandés, elles devaient couper un fil tendu pour obtenir le cadeau qui était accroché au bout. Ensuite venait le temps du lâcher de ballons. Après avoir réalisé le tirage de la tombola dont les gros lots étaient achetés par le Comité et les petits lots fournis par les commerçants, la fête se terminait le lundi soir par un feu de joie. Un mannequin était promené dans le quartier puis le président brûlait le mannequin. Tout le quartier dansait alors autour en chantant : « C’était un macchabée, macchabée… ».

Le succès de cette fête foraine était assuré par de nombreuses bonnes volontés. M Duchesne, marchand de bois et de charbon, prêtait son camion. Le menuisier fournissait les madriers et planches nécessaires à la construction du podium. M Boismoreau avait un petit orchestre dont il était le chanteur. Il assurait par ailleurs l’animation de la fête. Tous étaient ouvriers et employés mais peu étaient commerçants. Il n’existait ni salle de répétition, ni salle des fêtes, si bien que tous redoutaient les intempéries. Les familles consacraient leurs soirées d’été à fabriquer des fleurs en papier de couleur et à la construction (par les hommes !) et à la décoration (par les femmes !) des chars du corso. On se réunissait dans les cours des maisons ou dans les maisons en chantant.

L’Arbre de Noël

L’arbre de Noël se tenait à la Villa Sébastopol, rue aux Ligneaux, dans le quartier Saint-Marc. En effet, il n’existait pas de salle adéquate dans le quartier de l’Argonne. Cet évènement connaissait un grand succès puisque l’on recense plus de 400 participants en 1949. Les enfants s’inscrivaient gratuitement au spectacle. Des cadeaux et friandises provisionnées par les commerçants leur étaient distribués. Un gouter était également offert aux personnes âgées ou parfois un repas, si les finances du Comité le permettaient.

Ces fêtes se sont interrompues pendant la seconde guerre mondiale, entre 1939 et 1945. Elles ont repris en 1946 avant de s’éteindre dans les années 1970.

Auteurs : L. Gascoin et J. Jacob

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3 réponses à A comme – Les Fêtes de l’Argonne

  1. LESCENE dit :

    Je ne suis pas de cette ville, mais en lisant l’article, j’ai pensé, en parallèle à la mienne et aux activités d’antan, similaires ou presque, et aujourd’hui disparues.

    C’était un autre temps. Aujourd’hui, de nouvelles coutumes sont mises en place, ou du moins les villes et les associations essayent avec plus ou moins de succès.

    C’est un témoignage important de la vie des quartiers qui maintenant, devient de l’histoire. J’aime beaucoup votre article.

  2. BREVET dit :

    Il est dommage que toutes ces fêtes si populaires aient disparu que ce soit à Orléans ou ailleurs !

  3. admin dit :

    Merci pour vos commentaires ! AH, le faste des années 30 puis l’après-guerre…
    Avez-vous lu le second article dédié aux fêtes d’une autre faubourg du quartier Est d’Orléans ? La rue de Bellébat : http://www.pellerine-orleans.fr/2019/11/b-comme-bellebat/

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