J comme Collège Jean Rostand

Historique

Dans sa lettre 11 mai 1962, l’Inspecteur d’Académie décide l’ouverture de deux classes de 6ème annexées l’une à l’école des garçons rue du Grand Villiers et l’autre à l’école des filles rue du Grand Villiers. Les décisions d’acquisition des terrains sont rapportées dans différents comptes rendus de Conseil Municipal de 1962.

Sont alors construits en 1963, sur des terrains comportant des vergers et des garages (voir photographie aérienne de 1961) appartenant à Henri Lemesle, des baraquements bleus et blancs en préfabriqués (type SOFACO, en rez-de-chaussée exclusif, sans fondations mais montés sur parpaings) qui accueillent des classes sous forme de Groupe d’Observation Dispersé (des 6ème puis des 5ème dans un premier temps). Il n’y avait alors que trois préfabriqués de deux classes (A, B et C, voir plans et photographie aérienne de 1964), les autres sections étant hébergées dans les écoles voisines, et un garage. Un groupe de 2 classes mobiles est affecté par le Préfet du Loiret par décision du 19 mai 1962.

Le collège a officiellement été créé en septembre 1966 sous l’appellation « Collège d’Enseignement Général de l’Argonne » qui deviendra indépendant de l’Ecole du Grand Villiers à la rentrée 1966. Son directeur est alors monsieur Maurice Papet.  Dès sa nomination, celui-ci réclame auprès du maire d’Orléans l’équipement d’un bureau et de deux classes préfabriquées. Sa demande est refusée par le Maire qui la transmet tout de même à l’Inspecteur de l’Enseignement Primaire pour une éventuelle attribution de deux classes du Parc départemental. Celui-ci refuse également. Le collège devint « Collège Enseignement Secondaire Municipal Mixte » en 1971, l’un des rares collèges municipaux à l’époque.

1972

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1972

Ce n’est qu’en 1972 que le Préfet du Loiret, sur proposition de l’Inspecteur de l’Académie, met à disposition deux classes mobiles du Parc départemental (voir plus haut). En 1972 le collège compte donc cinq préfabriqués (s’ajoutent les bâtiments D et E), et désormais des sanitaires et une cuve à fioul (voir carte et photographie aérienne de 1971). Un nouveau préfabriqué est (F) est implanté en 1973 dans le cadre d’une extension à l’ouest du terrain et deux préfabriqués supplémentaires sont envisagés encore plus à l’ouest. La construction d’un plateau double d’éducation physique est votée par délibération du Conseil Municipal le 23 mars 1973, et bénéficie d’une subvention de 55.000 F par l’Etat. Sont envisagés également la construction d’un préau, d’une piste droite, et l’emplacement d’un gymnase (voir avant-projet sur les plans de 1973). Seul le préau métallique verra le jour. Sa construction, en lieu et place d’anciens garages, a été validée par délibération en Conseil Municipal du 23 mars 1973 et confiée à l’entreprise Doublet-Festitub. Jusqu’en 1973, le terrain du collège était contraint à sa partie sud. Ce n’est qu’en 1973 qu’est envisagée l’acquisition des terrains au nord pour accueillir de nouveaux préfabriqués. En effet, à l’occasion du réaménagement et de l’extension du C.E.S St Marc en 1974, quatre classes mobiles de type SOFACO sont transférées au C.E.S. (classes 13, 14, 15 et 16 sur les plans), les autres étant attribuées à l’Ecole Normale d’Instituteurs. Le démontage et remontage de ces classes mobiles, ainsi que divers travaux, sont confiés à l’entreprise Guillen.  Le bâtiment « Aluminium » (H sur la carte), qui servait de salle polyvalente pour les réunions, les projections, a été ramené du Lycée de La Source en 1975. En 1975, le C.E.S bénéficie également d’un nouveau groupe de classes mobiles du Parc National. Au final, à cette date, le collège comptait 7 préfabriqués (A, B, C, D, E, F et G), un bloc sanitaire et un préau. Une nouvelle délibération du Conseil Municipal le 27 juin 1975 valide la réalisation d’un plateau sportif, confiée à l’entreprise Helleboid. Le financement est assuré pour partie par l’état (31.200 F sur 48.000 F). Ce plateau, censé remplacer le verger dans lequel les élèves chapardaient pommes et cerises, ne verra finalement pas le jour. La cour, qui était une véritable pataugeoire à boue, est tout de même décapée et goudronnée par l’entreprise Helleboid, dans le cadre d’un marché gré-à-gré passé par la Ville d’Orléans.

Le bâtiment A hébergeait le bureau du directeur, les archives, un secrétariat et 1 classe. Le bâtiment B contient deux salles : une pour les sciences et l’autre pour la technologie. C’est l’entreprise Bornhauser Molinari et Cie qui a été chargée de l’aménagement des salles de sciences (plomberie/sanitaire). Les bâtiments C, E et F comportent chacun deux classes tandis que le bâtiment D héberge également d’une salle des professeurs. A l’exception du bâtiment G accueillant la chaufferie et donc équipé d’un chauffage central, tous les autres bâtiments sont chauffés au moyens d’appareils indépendants fonctionnant au fuel.

Par décret du 3 mars 1977, le collège est nationalisé au même titre que cent soixante-huit autres collèges d’enseignement secondaire. Il est baptisé Collège Jean Rostand en 1979. Deux nouveaux préfabriqués (I, J) sont construits en 1977, puis un garage à cycle en 1979, avant que quelques arbres ne soient plantés dans les cours en 1981.

En 1982, les préfabriqués à l’est de l’emprise sud (A, B, C, D, E – voir plans) et les sanitaires, délaissés à l’occasion de la construction du nouveau collège (voir plus bas), sont destinés au relogement du Service des Examens. Les préfabriqués I et J (voir photographie aérienne de 1983) à l’ouest du terrain sont démontés de manière à percer l’Impasse du Cardinal Morlot. Une piste d’éducation routière est mise en place dans la partie nord de l’emprise en 1984 (voir carte de 1984). Elle était toujours visible en 2018 (voir photographie aérienne de 2013). La plupart des baraquements restants ont été détruits en juin 1988 (témoignage de C. Gailliard, photographie aérienne de 1989 et plans), après avoir servi de salles de sport. Seul le bâtiment G, qui a longtemps été utilisé comme dojo, subsistait encore en 2018. Un nouveau bâtiment hébergeant le Syndicat des Enseignants de l’UNSA est construit sur le terrain entre 1995 et 1998, au 4 Impasse du Cardinal Morlot.

L’état final du collège résulte d’une politique d’aménagement opportuniste, avec des phases de récupération de préfabriqués « mobiles » en provenance d’autres établissements, et en lien avec l’évolution démographique du quartier. Certains des baraquements, initialement conçus pour durer 3 ans, ont tenu 17 ans. Mais dans quelles conditions ! En été, la température dans les locaux pouvait atteindre 35 °C. En hiver, le concierge allumait quatre poêles qu’il fallait nourrir de 400 litres de fuel à 5h le matin, puis le midi (ils tenaient à peine à 8h) : « Mais l’hiver, là c’était autre chose. On commençait les cours à 8h00. Souvent la chaudière, démarrée vers 5h00 par le concierge, tirait pas encore au mieux… je me souviens d’une grève des profs, qui refusaient de faire cours en dessous des 16 degrés. Ce matin-là, il faisait 14 dans la classe d’Allemand… pas terrible pour se concentrer. C’est arrivé souvent. » Christophe Gailliard. De l’avis de nombreux anciens élèves, l’ambiance était chaleureuse et familiale.

Les planchers et les murs s’écartaient, laissant parfois pousser les herbes entre les lames qu’il a fallu resserrer par des câbles. Les sanitaires étaient sans chauffage et sujets aux caprices du vent. Une boite aux lettres servait aux enfants pour glisser leurs tickets de cantine. Les réclamations des parents d’élèves et des professeurs pour des constructions « en dur » en lieu et place des constructions provisoires sont confrontées aux promesses récurrentes des pouvoirs publics.

Parents d’élèves et professeurs du C.E.S (provisoire) de l’Argonne demandent des bâtiments en dur – La République du Centre, 17 décembre 1971.
Vif mécontentement des parents d’élèves du C.E.S. de l’Argonne qui réclament une construction en dur – La République du Centre, 17 décembre 1976.

Vers 1975/1976, les enseignants, menés d’après les témoignages, par René Métrégiste, entrent en grève, dénonçant les conditions de travail. Le 22 mars 1979, A. Naudin, alors Principal du collège, adresse une lettre au maire d’Orléans pour demander en urgence des travaux sur le chauffage. La Président du Conseil Local de l’Argonne, Mme C. Jaunet, écrit, elle, au Président de la République en mai 1979 : « Implanté dans un quartier déjà défavorisé, ce collège fonctionne dans un ensemble de bâtiments provisoires vétustes pour la plupart. En effet, certains d’entre-eux démontés, transportés et ré-implantés ont plus de vingt ans d’âge et leur état précaire donne de grosses inquiétudes au directeur, aux enseignants et aux parents ».

Un nouveau site et de nouveaux bâtiments en 1982

Après dix-sept années dans des installations précaires (335 élèves l’année précédant la clôture) au 61 avenue de la Marne, le nouveau collège Jean-Rostand, situé au 18 rue du Nécotin, entre en activité le 14 janvier 1982 et devient l’un des premiers collèges en ZEP.

Locaux définitifs dans un an pour le collège Jean Rostand à l’Argonne – La République du Centre, 24 et 25 janvier 1981.
Après dix-sept années dans des installations précaires, le nouveau collège Jean Rostand est entré en activité – La République du Centre, 11 février 1982.

Construit par l’entreprise Dalla-Verra sur des plans de l’architecte Saubot, la direction des opérations fut confiée au cabinet Blareau, Dufour, Rieder. Le bâtiment est établi sur le même modèle que les collèges de Briare et de Joué-les-Tours. Sur un terrain de 11600 m², la surface du bâtiment est de 6000 m² sur deux étages qui permettent d’accueillir 600 élèves. Le bâtiment comprend alors au rez-de-chaussée une conciergerie, un cabinet médical, deux groupes sanitaires, trois salles de sciences, une salle de collections, une salle polyvalente-restaurant, deux salles de physique et un hall d’accueil avec salle d’exposition. Construit sous le maire Jacques Douffiagues, il bénéficie d’une forte participation financière de la mairie (4.481.000 F contre 12.305.000 F de l’Etat). Le proviseur de l’époque était M Couroux qui n’a pas été fâché d’intégrer ces nouveaux locaux.

François Hollande, alors Président de la République, a visité le collège Jean Rostand le 1er septembre 2016. Mme Keller en était alors la principale. Depuis la rentrée 2019, c’est M Fix qui est le Principal du collège. Mme Dossier, Conseillère Principale d’Education, au collège depuis 1986 a pris sa retraite en 2019.

La mauvaise réputation ?

Associé à l’Argonne, le collège a longtemps souffert d’une mauvaise réputation sans doute pas méritée si l’on en croît les témoignages. Pourtant, M Couroux, Principal du collège en 1982, indiquait ne pas avoir plus de difficultés dans ce collège que dans d’autres mais préférer l’utilisation de nom Collège Jean Rostand plutôt que Collège de l’Argonne car l’image peu favorable que véhiculait le quartier rejaillissait sur lui. Christophe Gailliard rapporte ainsi que, le jour de son arrivée en classe de seconde, son enseignante du Lycée Jean Zay les avait placés, lui et une camarade provenant également du collège Jean Rostand, au dernier rang, laissant les premières places aux élèves en provenance de collèges plus hupés. Il termine son témoignage sur ces mots :  » Oui, ce matin-là, comme les 4 années qui allaient suivre (j’ai tellement aimé la seconde que j’en ai fait une seconde), l’Argonne était dans mon cartable. Sur le moment, j’en était confus. Avec le recul, j’en suis fier ».

Le collège Jean Rostand est entré dans le réseau UNESCO le 13 novembre 2012. Il a eu les honneurs du journal l’Express qui le présente comme le meilleur collège Rep+ de France, avec un taux de réussite de 95% au brevet en 2016 contre 68% en 2008. Ce renversement de réputation serait lié à sa politique éducative innovante et à la mobilisation de tous.

Un nouveau collège à la rentrée 2020

Un nouveau collège devrait voir le jour à la rentrée 2020. Localisé le long de l’Avenue des Droits de l’Homme, à proximité du Parc de la Fontaine de l’Etuvée, ce nouvel établissement accueillera 664 élèves, dont 64 en Segpa (sections d’enseignement général et professionnel adapté), sur 6559 m². Il remplace le collège Jean Rostand jugé trop vétuste, qui accueillait 250 élèves. L’objectif est également d’augmenter la capacité du collège, notamment en raison de la forte augmentation démographique du quartier, avec près de 400 nouvelles résidences construites dans la ZAC de la Fontaine. Un gymnase de 1600 m² et une salle polyvalente de 300 m² sont également prévus. Le budget du projet s’élève à 33 millions d’euros dont 27 millions par le Conseil Départemental et 6 par la Ville d’Orléans. La réalisation du projet est confiée à Archi5 Prod Facea Claude Mathieu associés. Le dossier de presse est téléchargeable ici. Le nom du nouveau collège était encore débattu en mai 2019 (voir les articles La République du Centre ici et ici).

Références

Auteur : J. Jacob

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