F comme rue du Fil-Soie

La rue à géométrie variable

La rue du Fil-Soie a longtemps été la plus longue d’Orléans, traversant le quartier Est du Nord au Sud, entre grandes lignes droites et virages serrés, depuis la rue du Coin-Rond au Nord jusqu’à la rue Saint Marc au Sud, comme l’attestent les cartes d’Etat-major de 1820-1866.

Tracé le plus long qu’ait connu la rue du Fil-Soie après 1823 (date inconnue) et avant 1957 (en rouge). Fond de carte © Google.

L’origine du nom (sous la forme File-Soye) remonterait à 1277, en référence, sans doute, à une personne qui y habitait et dont le patronyme provenait de son métier, fileur de soie. Au XVIIème siècle, une propriété sur ce clos (le Château du Fil-Soie) donne le nom à un chemin.

Le Château de Fil-Soie. Source : Delcampe.net
Le Château de Fil-Soie. Source : Delcampe.net

Le cadastre Napoléonien fait mention en 1823 d’un Clos du Petit File-Soie et d’un Clos du Grand File-Soie, mais aussi du Chemin du Fil Soie. D’après les corrections apportées à ce cadastre, la rue du Fil-Soie résulte du regroupement de plusieurs chemins et rues : le chemin du Fil Soie (entre la rue du Petit Villiers et la rue du Coin Rond), une partie de la rue Saint Denis, le Chemin du Champ Bourgeois( ou rue de la Borde au Champs Bourgeois, au sud du croisement avec la rue du 11 novembre), la rue de la Fosse au Diable (correspondant à l’actuelle rue Pierre et Marie Curie et Malakoff), la rue de la Fontaine, et la rue de la Borde Creuse. La construction de la ligne de chemin de fer Orléans-Gien, mise en exploitation en 1873, réduit la partie la plus méridionale de la rue du Fil-Soie qui deviendra une portion de la rue Malakoff.

Dans les années 50, avec le boum démographique du quartier de l’Argonne et son urbanisation, la rue du Fil-Soie est encore morcelée. Par délibération du Conseil Municipal du 26 juillet 1957, il est établi que :

  • La partie de la rue du Fil-Soie située au Nord de l’Avenue de la Marne continuera à se dénommer « rue du Fil-Soie »;
  • La partie rectiligne de la rue du Fil-Soie entre l’avenue de la Marne et la rue du Colonel-O’Neil se dénommera « rue de Reims »;
  • La partie en courbe de la rue du Fil-Soie qui se trouve comprise entre la rue du Colonel-O’Neil et la rue de la Borde sera rattachée à la rue du Colonel-O’Neil qui aura ainsi son origine au carrefour actuel de la rue du Fil-Soie et de la rue de la Borde pour se terminer rue du Grand-Villers;
  • La partie rectiligne de la rue du Fil-Soie, comprise entre la rue Malakoff et le carrefour actuel de la rue de la Borde serait dénommée « rue de la Fosse-au-Diable », observation étant faite que cette partie de la rue correspond précisément au lieu dit « La Fosse-au-Diable »…

On apprend lors de la séance du 11 octobre 1957 que la requalification d’une partie de la rue du Fil-Soie en rue de la Fosse-au-Diable a été vivement critiquée par les habitants du quartier. Certains ont, en particulier, proposé à la municipalité qu’elle veuille bien renoncer à cette dénomination pour adopter celle de rue Pierre-et-Marie-Curie. Dans son intervention, le Conseiller Municipal Limouzi, qui a proposé le nom de Fosse-au-Diable, intervient de manière savoureuse : « Lorsqu’il s’agit de baptiser une rue nouvelle, M. le Maire et certains de nos collègues veulent bien me consulter. Ils me font ainsi un grand honneur en me prêtant une compétence et une érudition que je ne possède certainement pas. Je partage donc – à mon corps défendant – avec eux la responsabilité d’avoir proposé de nommer une partie de la très longue rue du Fil-Soie : rue de la Fosse-au-Diable. Je fais ici mon mea culpa car cela a déterminé une levée de boucliers dans le quartier intéressé. Il s’est trouvé 33 protestataires pour envoyer à M. le Maire et aux Conseillers une lettre véhémente alléguant que le nom proposé manquait de distinction. A notre dernière séance, notre distingué collègue Gombert a tenté d’éteindre cet incendie en précisant que c’était la rue du Paradis qui conduisait à la Fosse-au-Diable et l’on pouvait sous-entendre que la réciproque était vraie. M. le Maire a bien voulu compléter ce point de vue rassurant en disant que la rue du Paradis menait aussi au Cimetière. Dans ce cas, on peut admettre que la réciproque est moins vraie. Tout cela ne semble pas avoir convaincu nos concitoyens qui ont proposé en remplacement le nom de Pierre Curie. Je ne veux pas faire l’avocat du diable (sic !), mais je tiens à préciser que lorsqu’il s’agit de baptiser les rues nouvelles, nous cherchons ou à honorer des citoyens d’une particulière distinction, liés de façon plus ou moins directe à Orléans, ou – en fidèles gardiens des traditions – nous essayons de ressusciter de vieux noms pittoresques que nos aïeux avaient donné à leurs rues. Et autant que faire se peut en rapprochant ces noms des quartiers où ils figuraient jadis. C’était le cas pour la dénomination litigieuse car la Fosse-au-Diable était, paraît-il, à environ 200 mètres de la partie de rue dont il s’agit. Quant à ce diable, j’ai des raisons de penser que c’était un pauvre diable et que, s’il était sans distinction, c’est qu’il était sans notoriété. Mais ce devait être un bon diable car, à ma connaissance, il n’a jamais fait de mal à personne. »

S’ensuit un argumentaire pour nommer la rue non pas Pierre Curie comme cela était proposé initialement, mais il demande d’y associer sa femme, Marie Curie. Ici encore, le texte est savoureux, et sexiste : « J’ai pour ma part adopté d’enthousiasme le nom de Pierre Curie. J’ai seulement demandé qu’on ne le sépare pas de sa femme, Maire Curie, car ils furent unis, non seulement par les liens du mariage, mais dans la découverte du radium, dans le prix Nobel, dans la chaire du Collège de France et dans la direction de l’Institut qui porte leur nom et où je m’honore d’avoir été élève en 1923. Je précise, pour ceux d’entre vous qui l’ignorent, que la découverte du radium fut l’œuvre de Pierre et Marie Curie et de leur préparateur Brémond, qui travaillèrent jour et nuit, en se relayant dans le vieux baraquement qu’on leur avait abandonné, pour réduire les minerais de pechblende qu’ils avaient acheté de leurs deniers en Bohème. Et que la géniale découverte figure sur le cahier-journal de Mme Curie, entre une recette de confitures et la mention de la première dent d’Eve Curie. Ce qui prouve que Marie Curie était, non seulement un grand savant, mais aussi une cuisinière distinguée et une mère attentive. Je regrette seulement que nous n’ayions pu conserver qu’une toute petite rue à un aussi grand nom« .

En 2019, la rue du Fil-Soie a donc seulement conservé son nom au nord de l’Avenue de la Marne.

Références :

  • La Rue du Fil-Soie, morcelée au fil du temps. La République du Centre, 13/03/2012.
  • Brèves d’Argonne n°5, Mars 2000
  • Remonter le Temps – https://remonterletemps.ign.fr/
  • Fiches auxiliaires cadastrales des rues du Fil-Soie, Malakoff, Pierre et Marie Curie, de Reims, et du Colonel O’Neil. Archives Municipales et Communautaires d’Orléans.
  • Cadastre Napoléonien. Feuille n°2, Sections I et H. Archives Municipales et Communautaires d’Orléans.
  • Conseil municipal – Délibérations du 24 octobre 1868 au 13 juillet 1870 – 1D57. Archives Municipales et Communautaires d’Orléans.
  • Conseil municipal – Délibérations du 11 octobre 1957, Point 63 – 1D146. Archives Municipales et Communautaires d’Orléans.
  • Conseil municipal – Délibérations du 26 juillet 1957, Point 36 – 1D146. Archives Municipales et Communautaires d’Orléans.

Auteur : M.H. Hardouin et J. Jacob

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E comme Ecole Normale

Au 72 rue du faubourg Bourgogne, le grand portail en fer forgé s’ouvre sur une cour d’honneur et un imposant bâtiment tout de briques et de pierres. Il s’agit de l’Ecole normale des garçons inaugurée en 1879 (1). A l’époque, le but du Conseil Général était de construire un édifice élégant, spacieux et doté d’équipements de qualité, pour remplacer l’Ecole normale de garçons de la rue du faubourg Saint-Jean devenue vétuste et trop petite. Les élèves maîtres, durant 3 années de formation, se préparaient aux brevets de capacité: BE (Brevet Elémentaire) suivi du BS (Brevet Supérieur), diplômes requis pour enseigner dans les écoles primaires. Si l’aspect extérieur n’a guère changé, l’intérieur s’est agrandi et modernisé, l’école est devenue mixte et les enseignements ont évolué en fonction des différentes lois. En 1990, les Ecoles normales primaires sont remplacées par les IUFM (Institut Universitaire de Formation des Maîtres). En 2013, l’IUFM devient ESPE (Ecole Supérieure du Professorat et de l’Education) et à la rentrée 2019, l’ESPE devient INSPE (Institut National Supérieur du Professorat et de l’Education). Aujourd’hui, INSPE d’Orléans comprend le site historique de la rue du faubourg Bourgogne (siège académique de l’INSPE Centre Val de Loire) et le site de la rue du faubourg Saint-Jean (Centre de formation) où sont accueillis plus de 500 étudiants, futurs professeurs des écoles, des collèges et des lycées. 

La leçon de boxe. Source : Musée National de l’Education
La leçon de dessin linéaire. C’est dans cette salle, installée dans le haut de la Chapelle de l’école, que Roger Toulouse a enseigné pendant une trentaine d’années. Musée National de l’Education

(1) Une nouvelle Ecole normale de filles sera construite beaucoup plus tard, au 110 rue du faubourg Saint-Jean et ouvrira le 3 octobre 1887.

Auteur : L. Lordet

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D comme Eglise Dom Bosco

Localisation

L’Eglise paroissiale St Jean Bosco ou Eglise des Peuples du Monde est sise au 140 rue de l’Argonne, au croisement avec la rue du Grand Villiers.

Histoire

Le terrain sur lequel est édifiée l’église (et sur lequel le Cirque Lavrat s’est ensuite produit en 1949) a été légué en août 1939 par M Henry et Mme Alice Lemesle, arboriculteurs du quartier pour la construction d’une église. Mais la guerre éclate, si bien que la construction est repoussée.

Sur ce terrain se tenaient un dispensaire, un centre familial, et l’ancienne chapelle en bois construite en 1942, pendant la guerre pour les croyants de la Cité Rouge et de la Cité Bleue.

Comparaison du cadastre actuel avec une photographie aérienne des années 1950. Notez la localisation de l’Eglise Dom Bosco en 2019 et du dispensaire et de la chapelle en 1950. Source : Remonter Le Temps (IGN).

Les sœurs de Saint Aignan venaient prodiguer des soins et un club de « vieillards », le Club Jeanne d’Arc fut créé en 1942. Il est présidé par Mme Millard, secondée par Alice Lemesle. L’évêque et les maires successifs de la ville d’Orléans venaient régulièrement visiter ce quartier miséreux.

A la libération, un dispensaire pour les nécessiteux – La République du Centre – non daté.

La Caisse d’Allocations Familiales construit à la fin des années 1950 un centre social rue du Grand Villiers pour héberger le Club Jeanne d’Arc. Mgr Picard de la Vacquerie, nouvel évêque arrivé en 1957, décide de la construction du presbytère avec une grande salle comme chapelle provisoire, ce qui permet de détruire la chapelle en bois qui, désaffectée, servait de salle de réunion, de jeux et même de salle de cinéma le soir. Ces deux évènements libèrent le terrain pour la construction de l’église, qui commence en 1961 et se terminera en 1963, retardée par un hiver 1962-1963 particulièrement rigoureux. L’Argonne est alors un quartier en pleine croissance, la paroisse prend de l’ampleur. En effet, après l’hiver 1954, l’appel de l’Abbé Pierre fait réagir le gouvernement qui débloque des fonds pour des logements sociaux. La Ville d’Orléans lance la construction de logements HLM sur l’Argonne qui verra sa population augmenter de 5000 habitants.

Les principaux porteurs du projet sont le Père Sauvé, curé de Saint Marc, et A Gervais, président de l’association du groupe Saint Jean Bosco. Le financement de la construction est réalisé grâce à une partie des dommages de guerre dus pour le sinistre de l’ancienne église Saint Paul, détruite en 1940, aux dons des différentes paroisses du diocèse, et aux dons des particuliers.

L’architecte est Paul Winter (assisté de André Plisson). Architecte venu de Paris, il était en charge du Service des Constructions Provisoires et de la réparation des baraques dans les villes sinistrées du Loiret. Il a également sculpté la croix de l’église à partir d’une poutre en chêne provenant de l’ancienne charpente de l’église Saint Paul.

L’église, dédiée à Saint Jean Bosco, a été bénie le 28 avril 1963 par Mgr Guy-Marie Riobé.

L’architecture

L’architecture est résolument moderne, sobre, épurée. Saint-Jean-Bosco est l’une des églises les plus récentes d’Orléans (elle n’est toutefois pas la plus jeune, il s’agit de l’église Saint-Yves, à La Source, construite en 1974). Les mobiliers, bancs ont été réalisés par une entreprise orléanaise. Son clocher signal apparaît comme désolidarisé du volume de l’édifice. ­­­De plan circulaire, la structure de l’église associe du béton armé et de la pierre calcaire. Les entrées sont abritées par un auvent supporté par de fines colonnettes. Au-dessus, les grandes baies ceinturant l’édifice et l’emploi de dalles de verre transparentes ou colorées permettent d’offrir un abondant éclairage naturel.

Patrimoine

Cet édifice culturel fait partie du patrimoine de la ville d’Orléans qui en est propriétaire et doit « le clos et le couvert ». En effet, le chantier a été en partie financé par les dommages de guerre, gérés par la Ville d’Orléans. Aussi, et bien que construite après la loi de 1905, Saint-Jean-Bosco appartient à la ville d’Orléans. Dans les conditions de cession du terrain par Alice Lemesle, il est stipulé que l’église Saint Jean Bosco soit dans un écrin de verdure. Cette condition est inaliénable. Le presbytère et la salle paroissiale sont propriété de l’association diocésaine. Depuis 2003, la Ville d’Orléans a consacré plus de 254.800 € à la rénovation de la place Don-Bosco, au remplacement des vitraux, à la mise en conformité électrique…

L’église fut labellisée « Patrimoine du XXème siècle » en 2016. Une plaque signalant ce label a été dévoilée pendant une cérémonie à l’occasion des Journées du Patrimoine le 17 septembre 2017.

Saint Jean Bosco

Cette église est dédiée à Saint Jean Bosco, l’un des plus célèbres saints des temps modernes (1815-1888) qui fut surtout un grand éducateur de la jeunesse populaire des faubourgs de Turin.

Saint Jean Bosco. Source des photos : Paroisse Saint Jean Bosco
Saint Jean Bosco. Source : Geocaching

Saint Jean Bosco. Source des photos : Paroisse Saint Jean Bosco et Geocaching

Communion d’un jeune garçon à Orléans – Vidéo Ciclic

Références :

Auteur : J. Jacob

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C comme Cirque Lavrat

Au sortir de la seconde guerre mondiale, quelques jeunes de l’Argonne aux activités diverses (mécaniciens, plombier, maçon, menuisier, typographe), mais réunis par le goût de la gymnastique, décident de créer un cirque.

Dans l’atelier d’André Lavrat, ils vont s’entraîner d’arrachepied pour présenter des numéros de jongleur, d’équilibriste ou de clown. Par ailleurs, ils construisent sur leur temps libre une caravane et récupèrent un chapiteau. C’est le début d’une aventure formidable qui les conduit à se produire devant le roi du Maroc en 1949, à la télévision en 1950, puis à écumer les routes de France pour présenter leurs numéros.

En juin 2019, 70 ans après, l’Atelier Patrimoine du Conseil Consultatif de Quartier Est d’Orléans a organisé une exposition sur la base d’une collection inestimable de photos d’époque et de vestiges (costumes, déguisements, maquettes, extrait vidéo des Actualités Françaises) de cette formidable aventure humaine.

L’histoire complète du Cirque Lavrat est disponible sur l’EncyclO des Archives Municipales et Communautaires d’Orléans.

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B comme Les Fêtes de Bellébat

Les Fêtes du Quartier Libre de Bellébat et leurs petites histoires

« Il existe à Orléans un quartier vraiment charmant où chaque dimanche les orléanais prennent plaisir à venir se promener : c’est le quarier de Bellébat. Tous les ans, le 3ème dimanche de septembre, le Comité des Fêtes offre aux habitants du quartier une fête dont la réussite a toujours été parfaite, grâce à l’activité et à la bonne volonté de tous ». Anonyme, « Carnet du Passant » du Journal du Loiret du 25 septembre 1936.

La Fête de Bellébat, ou Fête du Quartier Libre de Bellébat, était organisée par les commerçants de la rue de Bellébat. Elle se tenait à l’angle de la rue du Château Gaillard. Il y avait des attractions foraines, un corso fleuri avec des chars, des activités pour les enfants et l’élection d’une reine. Cela se terminait évidemment par un bal le soir.

La première édition semble avoir eu lieu après la Première Guerre Mondiale, le dimanche 21 septembre 1919. Le programme était alors relativement simple avec fête foraine et jeux divers puis concert par la fanfare la « Guêpe », société de gymnastique qui défilait au son des trompettes de la fanfare, retraite aux flambeaux puis bal gratuit à grand orchestre et illuminations (le 19 septembre 1920).

Le programme de la fête les dimanche 18 et lundi 19 septembre 1922 est plus cossu, constitué d’une course de lenteur à bicyclette, d’une course de grenouilles, d’une course à pied, d’un concours de pêche, d’un concours de bicyclettes fleuries, d’un jeu de la poêle, d’un concert par le Cercle Gambetta, d’une retraite aux flambeaux et d’un grand bal gratuit à l’angle des rues de la Pellerine et Bellébat.

Le défilé de 1932 rassemble la fanfare du Cercle Gambetta, des bicyclettes fleuries et des enfants costumés qui accompagnent le char de Bellébat place Albert Ier. A 14h30 le cortège se met en branle et parcours le Boulevard Alexandre Martin puis le Faubourg Saint Vincent, les rues du Château-Gaillard, du Poirier Rond, de La Pellerine et Bellébat. Les enfants sont ensuite présentés aux invités et chantent en chœur le chant de Bellébat. A 16h est organisé un lâcher de pigeons. Puis Le Cercle Gambetta assure un concert durant lequel des gâteaux sont distribués aux enfants. A 20h30 la fanfare se rassemble rue de la Claye en vue de la grande retraite aux flambeaux avec flammes de bengale. La soirée se poursuit avec bal champêtre à grand orchestre avec accordéon et jazz. Le lundi à 15h, rassemblement des enfants pour le défilé rue de la Claye pour une nouvelle retraite aux flambeaux suivant le même itinéraire que la veille, avant un temps dédié aux jeux puis, à nouveau, un bal. Pour l’occasion le quartier est éclairé électriquement (aux bons soins de M Derouette, électricien, d’après le Journal du Loiret du 14 septembre 1933). Les habitants sont invités à pavoiser et illuminer leurs maisons et à laisser les décorations pendant les deux jours de fêtes.

En 1936, un auteur anonyme ami de la rédaction publie dans le « Carnet du Passant » du Journal du Loiret du 25 septembre un texte très personnel et engagé intitulé « Quelques échos de la fête de Bellébat » dans lequel livre quelques piques politiques et une attaque en règle de l’un des organisateurs, M Fauconnet, par ailleurs conseiller municipal peu apprécié par l’auteur. L’auteur remarque que, en plus des drapeaux tricolores, des drapeaux rouges apparaissent dans les décorations aux cotés des drapeaux tricolores, sans doute pour montrer quelques sympathies avec le gouvernement anarcho-communiste de Catalogne. Par ailleurs, l’Internationale a été entonnée dans certains cafés et dans certaines rues. D’après l’auteur, ceci a amené l’indignation de ceux qui considèrent que la politique n’a rien à voir avec les fêtes de quartier et que la manifestation d’opinions n’est qu’une goujaterie de la part de ceux qui s’y sont livrés. S’ensuit une attaque en règle de M Fauconnet (, qualifié de poète-chansonnier, sans doute auteur du « Chant de Bellébat » ou « La Meunière de Bellébat« , chant-marche dédié au quartier sur l’air de « La Meunière ». Selon l’auteur, personne ne connaissait la chanson, qui était vendue 50 centimes sans la musique, qui fut au final un four. Les habitants auraient tenté de reprendre la chanson sur l’air de l’Internationale mais sans succès, les poésies et chansons de M Fauconnet étant impossibles à mettre en musique. La suite est du même calibre et rhabille M Fauconnet pour l’hiver. L’intérêt principal de ce pamphlet contre M Fauconnet réside dans les paroles du 8ème couplet livrées par l’auteur :

  • Puis à Bellébat tous on remerciera
  • Le Comité qui s’est occupé d’ça
  • N’a ménagé ni son temps ni ses peines
  • Et puis toujours sans faire des manières

Une réponse est apportée dans la même rubrique par le Président du Comité des Fêtes dans l’édition du 30 septembre 1936. Elle est savoureuse, tout autant que la réponse de « Le Passant » qui définit M Fauconnet comme « Le Maire de Bellébat ».

Dans l’édition de 1938 de la Fête de Bellébat, il est question d’une incinération de Son Eminence Bellébat (sans doute équivalente eu bucher promis au mannequin de la Fête de l’Argonne). Il est aussi fait mention de plusieurs chars dont celui du Poisson Géant et de ses petits pêcheurs, du gigantesque char du Cygne avec ses jolies filles bien costumées, du char de la Radio sonore, et enfin du char de Bellébat. Les gâteaux et rafraichissements sont offerts par la Maison Machicoisne. La Fête fut survolée par trois avions le 18 septembre.

Il semblerait que les fêtes d’avant-guerre aient eu plus de lustre que celles de l’après-guerre. Toutefois, les témoignages et documents transmis par Serge Racinoux révèlent le faste des quelques fêtes qui ont eu lieu entre 1945 et 1950.

Par exemple, en ce mois de septembre 1947, la Reine de la fête de Bellébat c’était Jacqueline (11 ans, sœur de Serge Racinoux). Sa magnifique robe à la Blanche-Neige a été intégralement taillée et cousue à la main pour l’occasion par sa mère.

Le jeune page en culottes courtes qui tient la traîne, c’est le frère de Serge et Jacqueline, Claude, qui avait alors 9 ans.

Sur la photo avec le char fleuri, on voit un restaurant qui n’a pas pu être identifié (une idée ?). Peut-être était-il accolé, et appartenait au bar-épicerie venelle de Gien. Les fenêtres de la maison voisine pourraient laisser à penser qu’il était plutôt situé à l’emplacement des parkings à l’angle de la venelle de l’Ecu Bellébat, presque face à la rue de la Pellerine. Comme les chars fleuris, parcouraient avec fanfare les rues de tout le voisinage depuis le faubourg Bourgogne jusqu’à la rue de l’Argonne, le restaurant pouvait être ailleurs aussi.

D’après les témoignages, la dernière fête aurait eu lieu en 1950 ou 1951. C’est ce que confirme cet article de presse de 1950 (non sourcé).

Auteurs : S. Racinoux et J. Jacob

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A comme – Les Fêtes de l’Argonne

Avant l’urbanisation exponentielle d’Orléans dans les années 60, les quartiers Est d’Orléans étaient organisés en faubourgs selon les grands axes routiers : Bellébat, l’Argonne, la Barrière Saint Marc, et Saint Marc. Dans tout Orléans se multipliaient des fêtes de quartier durant lesquelles les riverains rivalisaient d’imagination pour surpasser les quartiers voisins. Au-delà d’une compétition, ces fêtes étaient le prétexte à visiter les autres quartiers d’Orléans puisque tous étaient bienvenus.

A l’Argonne, les fêtes étaient organisées par le Comité des Fêtes et de Défense de ses habitants. Le Comité a été créé en 1935 après que la centaine de logements dans les cités Rouge et Bleu soient habités. Ce comité était constitué d’une douzaine de membres. Au gré des époques se sont succédé Edgar Dargery et Le Provost (Présidents), M Villain (secrétaire), M Luizard (Trésorier), puis Mme Lydie Gascoin (Trésorière) et M Désbrée, Fortin, Boudet, Destat, Augeray, Meunier, Resneau, Bernardeau, Bellouet, Lachautre, Méchin, Gaucher, Boudet.

Caricature du Comité qui comprenait MM Meunier, Resneau, Bernardeau, Bellouet, Desbrée, Lachautre, Méchin, Gaucher, Boudet et Le Provost (Président). Article dans La République du Centre du 8 septembre 1953.

Le Comité s’est rapidement attelé à l’organisation de trois fêtes annuelles : le théâtre de verdure, la fête foraine le 1er dimanche de septembre (commençant le samedi et finissant le lundi soir) et l’arbre de Noël.

Le Théâtre de Verdure

Le Théâtre de Verdure était un spectacle en plein air organisé en juin dont le programme était établi depuis Pâques. Il se tenait en plein air sur la place Louis-Loucheur, dans la Cité Rouge. Il pouvait s’agir de chansons, de pièces de théâtre, de numéros de music-hall ou de musique, clowns, acrobates. Chants viennois, chansons cubaines, spectacle de danse du « Corps de ballet de l’Etoile de l’Argonne »… Entre Pâques et juin, les jeunes et moins jeunes répétaient leurs rôles ou leurs partitions. Les costumes étaient fabriqués par les épouses des membres du Comité et par les familles. Le spectacle était payant. La recette servait à la préparation de la Fête foraine de septembre pour payer les musiciens ainsi que les sociétés de gymnastes ou de majorettes. A cette occasion, le Comité fournissait aux familles le papier crépon qui leur servira, pendant l’été, pour préparer les chars de la Fête foraine et la décoration des maisons.

La Fête foraine

La fête foraine avait lieu le 1er dimanche de septembre. Elle commençait le samedi et finissait le lundi soir). Pour cette occasion, les commerçants décoraient avec des guirlandes, des branches de sapin et des fleurs en papier multicolore. Pour les particuliers, un sapin était garni de fleurs en papier et déposé sur le trottoir devant chaque maison.

Les forains (confiseries, manèges, stand de tir, loterie…) s’établissaient dès le vendredi au carrefour de la rue de l’Argonne et de la Rue de Reims qui s’appelait encore Rue du Fil Soie à l’époque. La buvette était organisée par M et Mme Rouillé. Le samedi soir un spectacle (chanteurs, conteurs, comiques, danseuses, clowns) était organisé Place Louis Loucheur.

Le dimanche à 14h commençait la cavalcade avec corso fleuri. Celui-ci défilait depuis la gare d’Orléans jusque dans les rues du quartier avec musique invitée. On comptait parmi les chars celui de la Reine et de ses demoiselles d’honneur mais aussi l’Argonne Circus et des chars pour chaque saison. Ce corso était accompagné par les musiques des villes environnantes, par des groupes d’enfants costumés, et par les gymnastes des Cercles de Sport d’Orléans. Après le défilé, les musiques donnaient un concert et les gymnastes faisaient des démonstrations. Le dimanche soir était organisée une retraite aux flambeaux et aux lampions qui se terminait par un bal avec orchestre jusqu’à tard dans la nuit.

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Le lundi après-midi était réservé aux activités pour les enfants, avec un défilé dans le quartier. Les jeux comprenaient des courses en sac de toile de jute, des courses de brouettes, des courses de lenteur à vélo, le jeu du casse-pot pour les garçons, des concours de grimaces, des concours de vélos et de poussettes fleuris, des marcher sur les mains. Les filles pouvaient s’adonner au jeu de ciseaux durant lequel, les yeux bandés, elles devaient couper un fil tendu pour obtenir le cadeau qui était accroché au bout. Ensuite venait le temps du lâcher de ballons. Après avoir réalisé le tirage de la tombola dont les gros lots étaient achetés par le Comité et les petits lots fournis par les commerçants, la fête se terminait le lundi soir par un feu de joie. Un mannequin était promené dans le quartier puis le président brûlait le mannequin. Tout le quartier dansait alors autour en chantant : « C’était un macchabée, macchabée… ».

Le succès de cette fête foraine était assuré par de nombreuses bonnes volontés. M Duchesne, marchand de bois et de charbon, prêtait son camion. Le menuisier fournissait les madriers et planches nécessaires à la construction du podium. M Boismoreau avait un petit orchestre dont il était le chanteur. Il assurait par ailleurs l’animation de la fête. Tous étaient ouvriers et employés mais peu étaient commerçants. Il n’existait ni salle de répétition, ni salle des fêtes, si bien que tous redoutaient les intempéries. Les familles consacraient leurs soirées d’été à fabriquer des fleurs en papier de couleur et à la construction (par les hommes !) et à la décoration (par les femmes !) des chars du corso. On se réunissait dans les cours des maisons ou dans les maisons en chantant.

L’Arbre de Noël

L’arbre de Noël se tenait à la Villa Sébastopol, rue aux Ligneaux, dans le quartier Saint-Marc. En effet, il n’existait pas de salle adéquate dans le quartier de l’Argonne. Cet évènement connaissait un grand succès puisque l’on recense plus de 400 participants en 1949. Les enfants s’inscrivaient gratuitement au spectacle. Des cadeaux et friandises provisionnées par les commerçants leur étaient distribués. Un gouter était également offert aux personnes âgées ou parfois un repas, si les finances du Comité le permettaient.

Ces fêtes se sont interrompues pendant la seconde guerre mondiale, entre 1939 et 1945. Elles ont repris en 1946 avant de s’éteindre dans les années 1970.

Auteurs : L. Gascoin et J. Jacob

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Challenge A to Z

Le challenge A to Z est une initiative lancée en 2013 par Sophie Boudarel, généalogiste. Il consiste à décliner un sujet en lien avec la généalogie, ou plus largement les archives (notamment les Archives Municipales et Communautaires d’Orléans) et la mémoire, selon les lettres de l’alphabet.

Dans le cadre des travaux de l’Atelier Patrimoine du Conseil Consultatif de Quartier Est d’Orléans, le blog de la Pellerine hébergera, à partir du 1er novembre et à raison d’un billet par jour du lundi au samedi, les petites histoires, les grands personnages, les bâtiments remarquables du quartier Est d’Orléans.

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Le Drame de la Rue de la Pellerine

Editions du 15 et du 16 octobre 1913 du Journal du Loiret (source : http://aurelia.orleans.fr).

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Prochains évènements dans le quartier

Veuillez trouver ci-dessous, les dates actées lors de la dernière plénière du Conseil Consultatif de Quartier pour le mois de septembre 2019 :

  • Rencontre avec les riverains de la Venelle du Pressoir Neuf – lundi 9 septembre à 18h30 – rendez-vous à l’entrée de la Venelle (rue du Pressoir Neuf)
  • Rencontre avec les riverains de la rue du Clos Sainte Croix – mercredi 11 septembre à 18h00 – rendez-vous à l’angle de la rue du Clos Sainte Croix avec la rue Pierre Viala
  • Permanence de Mme CARRÉ, samedi 14 septembre de 10h30 à 12h00 sur rendez-vous, Mairie de Proximité Est (Place Mozart)
  • Plénière CCQ, lundi 23 septembre à 18h30 – salle 1 de l’Argonaute (73 Boulevard Marie Stuart)
  • Atelier CCQ Patrimoine, mardi 24 septembre à 18h30, salle 1 de l’Argonaute (73, Boulevard Marie Stuart)
  • Atelier CCQ Urbanisme-Pistes Cyclables, lundi 30 septembre à 18h15, salle Mozart (Place Mozart)
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Street-Art : quelques inspirations en prévision de l’apéro de quartier

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