Orléans en grand danger – Les Huns ont envahi notre quartier

Préambule

Une recherche collaborative par et pour les habitants du quartier
Récemment à l’occasion d’un sympathique apéritif rue de la Pellerine, nous avons parlé entre voisins de différents événements historiques d’importance qui ont eu lieu dans notre quartier. L’un des plus marquants ce fut le siège d’Orléans par Attila. Il avait établi son camp à quelques centaines de mètres de chez nous, pendant presqu’un mois, avant de renoncer, temporairement, à envahir les Gaules.
J’ai promis alors de faire un petit mémo à ce sujet, le voici. J’ai entrepris de lire des documents datant le plus près possible de l’an 451, ce qui est rendu possible grâce à la numérisation des livres anciens. J’avoue m’être pris au jeu et j’ai largement débordé la recherche des simples événements pour essayer de comprendre la psychologie des acteurs et le climat politique, de collecter quelques anecdotes, de faire le tri entre les versions diamétralement opposées des historiens.
Le sujet m’a passionné. N’étant moi-même pas du tout historien, j’ai sans doute commis des erreurs. A vous, mes voisins, maintenant de les rectifier et de complémenter ce document par tout ce qui pourrait améliorer notre connaissance du sujet, dans le cadre du programme collaboratif sur le patrimoine du quartier.
Exemple : si vous avez un accès aux archives, peut-être trouverez-vous un document clé sur la présence du «satellite» hunnique. Je n’ai trouvé aucun écrit d’Aignan lui-même, pourtant il savait écrire cet homme ! Si vous êtes latiniste, j’ai un ou deux  petits textes à vous faire traduire. Si vous pouviez apporter une explication au «chemin de Barbary» à Courcy-aux-Loges, à exactement une journée de marche d’Orléans : y a-t-il un rapport avec les Huns, qui positionnaient toujours une arrière-garde ? Si vous êtes archéologue, les remparts de la ville ont-ils gardé des stigmates des béliers d’Attila ? Etes-vous un artiste qui pourrait illustrer cet événement exceptionnel dont on ne nous a jamais parlé à l’école ?
Serge Racinoux

Attila en personne avec 400 000 barbares et 70 000 guerriers d’élite ont établi leur campement au pied des fortifications d’Orléans.

Le «Fléau de Dieu» et son immense horde assiègent Aurelianum.

Ils déferlent en masse par la voie de César, venus de Metz par Sens. Ils passent le carrefour de Saint-Loup traversent le faubourg  populeux de Bourgogne et de Saint-Marc jusqu’à Orléans. Les troupes sont réparties depuis les bords de Loire et tout autour de la ville, elles bloquent toutes les portes et plus particulièrement celle de Bourgogne. Attila en personne s’est arrêté à portée de voix de nos murs près de l’église Saint Pierre-aux-Bœufs1. Il a fait monter son camp de commandement tout près, probablement à l’Orbette, les chariots  par centaines se placent en cercle tout autour, assurant ainsi une protection imprenable. Leurs hurlements s’ajoutent au bruit infernal de leurs machines de guerre2 qui s’attaquent à nos remparts. Le «satellite» envahit les pâturages, les vignes, les vergers et les bois qui entourent l’église Saint-Marc3. En attendant que leur chef suprême sonne l’hallali,  ils écument et réduisent à néant toutes nos maisons faubouriennes.

La tragédie des cités des Francs et le massacre des malheureux habitants de Metz

Chlodion le chevelu, roi des Francs est mort il y a quelques mois, Mérovée, qui a la magnifique chevelure blonde de son père, lui succède. Il a décidé de poursuivre la politique de collaboration avec les Romains, ce qui n’a pas du tout plu à Attila qui, pour le châtier, a anéanti sur son passage les villes du territoire Franc : Strasbourg, Worms, Mayence, Coblence, Bonn, Cologne, Aix la Chapelle, Tongres, Tournai, Arras, Thérouanne, Amiens, Beauvais, Reims, Trèves, Verdun, Châlons en Champagne et en apothéose de l’horreur, Metz (voir carte à la fin de cet article). Attila  veut infliger la même sanction aux Wisigoths de Théodoric, à commencer par Toulouse, leur capitale. Il faut donc que son immense armée traverse la Loire. Or ce printemps 451 ayant été  très pluvieux, la Loire est très haute. La seule possibilité, c’est le pont d’Orléans !

Attila va-t-il exiger un lourd tribut en or ?

Pour franchir le pont, son innombrable meute devra entrer dans la ville. Au passage elle nous arrachera tous nos biens, prendra nos plus belles femmes. Combien d’hommes seront égorgés pour étancher sa soif de sang ?

Aignan, notre vieil évêque revient tout juste d’un épuisant voyage éclair en Arles pour convaincre Aetius de nous secourir toutes affaires cessantes.

Flavius Aetius a affirmé qu’il  réunissait ses troupes et  accourait. Mais ce n’est pas si simple, car Théodoric le roi Wisigoth  est toujours en embuscade, prêt à  s’emparer des territoires romains méridionaux. Aetius, bien inspiré, a chargé Avitus un noble Arverne de convaincre Théodoric. En bon Gaulois  celui-ci a organisé un grand banquet qui a permis un retournement extraordinaire de situation : Théodoric s’est engagé à combattre aux côtés d’Aetius. Une bouffée d’espoir !

Pourrions-nous tenir bon jusqu’à l’arrivée d’Aetius avec ses troupes  fédérées ?  Seront-elles assez nombreuses pour s’imposer face aux barbares de Pannonie ?

Nous ne disposons d’aucune armée pouvant un tant soit peu résister au diable personnalisé.

Les cavaliers Alains sont eux aussi de féroces guerriers employés comme auxiliaires par Rome. Mais face aux Huns ils sont insignifiants par leur nombre. Aetius par fœdus daté de 442 les a cantonnés en Beauce. Ils sont placés sous l’autorité romaine pour nous obliger à payer les trop lourds impôts et pour mater les bagaudes de paysans révoltés qui se cachent dans les forêts avoisinantes. Les Alains ne se limitent pas à la répression. Voleurs et assassins, ils se «paient sur la bête» en nous harcelant avec cruauté. Vont-ils nous livrer au diable ? Nous n’avons pas oublié que d’autres tribus Alains, restent vassales des Huns depuis des décades.

Les Alains ont promis à Attila d’ouvrir les portes d’Orléans,

Heureusement Aetius a compris le stratagème, il a réussi à convaincre leur nouveau roi Sangiban que son intérêt était au contraire de rallier les forces romaines. En contrepartie, il lui a attribué de vastes territoires fertiles entre Paris Pithiviers et Orléans4. Il n’en coûtera rien aux finances romaines exsangues, puisqu’il suffit de spolier les propriétaires par la force de la moitié de leurs terres. Aetius est coutumier de la chose, il l’a déjà fait en Bretagne et du côté de Valence en paiement de tous les services rendus par les Alains.

Tous les  habitants d’Orléans étaient en pleine angoisse en ce printemps 451.

1L’église Saint-Pierre-aux-bœufs sera rebaptisée plus tard « église Saint-Aignan » en l’honneur du 4e évêque d’Orléans qui a tant participé à la sauvegarde de nos concitoyens.

2Priscus raconte l’attaque de Naïssos par Attila en 441, tel qu’il commence à le faire à Orléans, à lire sur : http://remacle.org/bloodwolf/historiens/priscus/fragments.htm

3Le Service Archéologique Municipal d’Orléans dans son Rapport de Diagnostique sur les fouilles 20 rue Saint-Marc dirigées par Sébastien Jesset  écrit : « Deux occupations distinctes semblent exister dans le quartier à la période gallo-romaine … l’autre, soupçonnée au plus tôt au IVe siècle, plus au nord au niveau de la rue Saint Marc sur les sites de Saint-Phallier et de Saint-Marc, correspondant à une occupation religieuse pionnière… »

4 La toponymie nous renseigne au sujet de la sédentarisation des Alains au nord d’Orléans. On y trouve de nombreuses villes ou lieux-dits avec le radical alan, allon, allain ou alain,  comme Allaines, Allainville en Beauce, Allainville aux Bois, Allonnes, Ballainvilliers, Courtalain, etc.

Attila personnage de légende

Au 14e siècle Nicola da Casola dans une épopée consacrée à Attila écrit que celle qui sera sa maman fut enfermée  longtemps, longtemps dans une haute tour avec son lévrier blanc pour seule compagnie… Attila, engendré de cette union maléfique, se retrouvera doté d’oreilles de chien pointues. 

Voir étude d’Edina Bozoky www.mshs.univ-poitiers.fr/crla/contenidos/ESCRITURAL/ESCRITURAL6/ESCRITURAL_6_SITIO/PAGES/Bozoki.html

Priscus, encore lui, raconte: un jeune bouvier qui cherchait dans la steppe ce qui avait blessé l’une de ses génisses, a trouvé une lame d’acier sortant du sol. Il l’offrit à Attila. Merveille, c’était l’épée d’Arès dieu de la guerre, perdue depuis des siècles, l’épée mythique des glorieux rois Scythes. Les mages interprétèrent ce signe divin comme la mission assignée à Attila : régner sur le monde !

Médaille éditée en 1652 pour la commémoration du sac d’Aquilée. Conformément à la légende, Attila est représenté avec les cornes de Satan et  les oreilles pointues de son papa, un lévrier des steppes !

Ce portrait est assez loin de la réalité : Attila avait une barbe  clairsemée et, comme la tradition hunnique l’imposait, son crâne aurait subi une déformation en pain de sucre dès sa naissance. Priscus est un historien grec originaire de Thrace. En 449 il accompagne l’ambassade1 de l’empereur romain d‘Orient Théodose II auprès d’Attila dans son ordu, palais en bois situé entre la Theisse (=Tisza) et le Danube, proche de l’actuelle Budapest. Priscus a tracé le seul portrait d’Attila que l’on connaisse, il écrit «court de taille et large de poitrine, il avait la tête grosse, les yeux petits et enfoncés, le nez épaté, le teint sombre, presque noir, la barbe rare.Il avait la démarche fière et hautaine, regardant de droite et de gauche, jouant de l’effroi qu’il inspirait. » Calculateur et très rusé, pour preuve cette colère d’une extrême violence qu’il prend devant les ambassadeurs pour les impressionner. Ses menaces en mi-teinte, ses dévastations cataclysmiques, les égorgements collectifs qu’il organise, tous ses actes étaient au service de sa stratégie de conquête planétaire. D’ailleurs il n’hésita aucunement à assassiner son propre frère Bleda qui se trouvait sur son chemin. Des historiens comme l’Académicien Maurice Bouvier-Ajam prétendent que dans sa prime jeunesse, Attila a vécu à la cour de Ravenne pour y apprendre le latin et le grec et sûrement les arts militaires aussi. Une sorte de programme aux objectifs différents de celui des otages détenus tant qu’une dette n’a pas été honorée. Là, il s’agit d’une formation des enfants de lignée royale barbares ayant pour but de les intégrer sur la durée à l’Empire Romain et bien-sûr d’évaluer les futurs rois. Attila est donc très loin du sauvage ignare tel que nous le percevons en France et en Italie. A sa cour qui possède une étiquette très stricte, Attila a le souci de s’entourer de personnalités de grande valeur, d’origines diverses : grecque, romaine, germaine etc. Priscus le décrit comme juge intègre pour les siens, généreux pour ses serviteurs, bienveillant pour ceux qui se soumettent sincèrement. De vie simple, ne se servant que d’une vaisselle en bois2 qui contrastait avec les luxueux plats d’or des courtisans barbares. Ajoutons d’autres traits fournis par la même source : une superstition profonde, une totale crédulité envers ses chamans, un goût pour l’alcool qui faisait finir les cérémonies en scènes de beuverie. Est-ce ainsi d’ailleurs qu’il mourut ? La nuit de ses noces avec Ildico, très jeune femme germanique, il fut pris de vomissements et d’hémorragie que certains ont attribués à son état d’éthylisme. Les gastroentérologues de notre époque évoquent plutôt le syndrome de Mallory-Weiss. Nombreux sont ceux qui ont soupçonné sa nouvelle femme de l’avoir empoisonné. Comme elle devait être sa 13e épouse, elle lui a visiblement porté malheur !

1Cette même mission diplomatique avait un objectif secret, celui d’assassiner Attila. Il a découvert le complot. Magnanime il se contenta d’exiger la tête du commanditaire et …un énorme tribut supplémentaire. Chez Attila tout était motif d’arracher un tribut en or sonnant et trébuchant.

2Attila en virtuose de la guerre psychologique avait dû imaginer cette scène pour prouver son détachement des  richesses et futilités afin d’impressionner les ambassadeurs.

Traduction du texte de Priscus sur l’ambassade de Maximin :

http://remacle.org/bloodwolf/historiens/priscus/ambassade.htm

Attila avait le crâne en forme de pain de sucre, selon la tradition des Huns, c’est du moins ce qui est affirmé par certains historiens. Presque tous les autres peuples barbares pratiquaient eux aussi la déformation crânienne avec des variantes quant à la forme obtenue. La déformation volontaire crânienne consiste à «modeler» les os crâniens malléables à la naissance du bébé puis à ceinturer la tête avec des plaquettes de bois et des sangles au moins jusqu’à la fin de l’adolescence pour lui donner une forme allongée vers le haut ou vers l’arrière. En France cette pratique qui a fait l’objet d’études anthropologiques, a eu lieu jusqu’à la fin du 19e siècle en Normande et en région Toulousaine. Si vous trouvez un tel crâne en bêchant votre jardin, appelez vite le Pôle d’Archéologie.

Un des crânes de la Nécropole Gépide de Viminacium  – 2e moitié du Ve siècle Image : Département Archéologie Faculté de Philosophie Université de Belgrade

http://www.doiserbia.nb.rs/img/doi/0350-7653/2007/0350-76530738045M.pdf

Dans une de ses publications, le Musée Central Romain-Germanique écrit : « Comme le montrent de nombreux exemples du bassin des Carpates occidental, la coutume de déformer les crânes artificiellement atteignit son apogée au milieu du 5e siècle. Le regroupement des contextes funéraires a révélé que les sépultures d’enfants avec déformation crânienne affichent une concentration dans la première moitié du 5e siècle pour régresser fortement après le milieu du siècle. Les sépultures du 6e siècle n’abritent que des individus d’un âge avancé. On peut en conclure que la coutume de la déformation crânienne fut abandonnée à la fin du deuxième tiers ou au cours du dernier tiers du 5e siècle. Les conditions ont dû changer après la chute de l’empire d’Attila. » Jahrbuch des Römisch-Germanischen Zentralmuseums  57 · 2010

Comment Attila est-il devenu aussi puissant ?

Les Huns sont des scythes turco-mongols qui bien avant notre ère étaient divisés en tribus nomades, chacune dépassant à peine les 5000 guerriers, ils pratiquaient le pillage, en s’alliant parfois à d’autres tribus barbares. Ils ont sévi de la Mer Noire jusqu’à la Chine. Du IIe siècle avant JC et pendant tout le 1er siècle après J.C, leur premier empire se situait au sud est du Lac Baïkal. Une partie d’entre eux migrèrent en Europe centrale où ils se sont opposés aux tribus germaniques. Comme elles, ils ont plusieurs fois mis à la disposition des Romains leurs forces de combat «clé en mains» en tant que mercenaires.

En acceptant d’intégrer des étrangers1 dans leur population, les Huns sont devenus nombreux. Fait nouveau, les différentes tribus se sont mises à coordonner de plus en plus leurs actions. Ils exercent une forte pression sur l’Empire. Ainsi en 423 ils obtiennent de Rome la province de Pannonie-Savie, l’incorporation de 40 000 mercenaires Huns dans l’armée romaine pour des missions de protection frontalière et le versement d’une rétribution annuelle en or. C’est là la discordance : Attila devenu Roi en 434 jettera au visage des Romains qu’il ne s’agit pas d’une rétribution mais du tribut que Rome lui paie au même titre que le tribut payé par tous ses autres vassaux ! Rome vassale d’Attila !

Le premier acte politique d’Attila sera de fusionner toutes les tribus Hunniques sous sa seule bannière (il n’a pas hésité à faire assassiner son propre frère). Le peuple des Huns peut maintenant aligner au bas mot 500 000 barbares appuyés par les troupes d’élites les plus nombreuses, les plus rapides et les mieux entraînées de tous les autres peuples de l’époque. Pire, Attila a su inféoder de nombreux autres peuples qui maintenant combattent à son côté, très heureux d’en tirer une fortune colossale. Attila a mis à leur tête des rois soumis et tire parti des forces militaires de ces peuples vassalisés, il apprécie beaucoup les qualités des fantassins Ostrogoths et Gépides que la mort n’effraie pas.

Attila est richissime, il amasse des trésors de guerre phénoménaux et se fait payer de très lourds tributs : l’empereur d’Orient à lui seul verse 230 kg d’or par an ! Attila a donc une force de conviction extraordinaire pour s’allier les corrompus de toutes les cours amies ou ennemies et pour entretenir un réseau d’espions aux plus hauts niveaux. Par exemple, les ambassadeurs auprès d’Attila n’ayant pas voulu dévoiler aux ministres avant l’entrevue les termes exacts de leur mission, les réservant à Attila, les ministres pour les inquiéter leur ont répété mot pour mot ce que l’empereur leur avait demandé de négocier. Priscus écrit : «Nous fûmes très étonnés et ne pouvions pas comprendre comment ils avaient pénétré dans les conseils de l’Empereur où les Dieux mêmes ne pénétreraient pas». Autre exemple, Genséric, roi des Vandales, diplomate occasionnel d’Attila, était surtout un espion excellent et très dévoué.

Eléments clés de la puissance des Huns : leurs chevaux.

Les guerriers Huns sont très attachés à leur monture. On retrouve des chevaux enterrés à leurs côtés dans les sépultures. Végèce, écrivain romain mort en 450, écrit dans son Art Vétérinaire : les chevaux Huns sont de petite taille et font preuve d’une exceptionnelle faculté de résistance à l’effort, au froid, à la faim.

Dans son Histoire critique de l’établissement de la Monarchie Françoise dans les Gaules, l’abbé Dubos écrit en 1742 que selon les déclarations de prisonniers scythes «cet animal, assez chétif en apparence, faisait trente-cinq2 lieues par jour et qu’il pouvait faire chaque jour la même traite durant dix journées consécutives». Dociles, très rapides ils sont capables de changer brutalement de direction en pleine course. Leurs sabots étant très durs, ils n’ont pas besoin d’être ferrés. Très polyvalents, ils tirent sans difficulté les chariots. Ils ont une place importante dans l’alimentation des Huns qui se nourrissent de leur viande, du sang prélevé à une veine de leur cou et du lait des juments qui, fermenté, leur donne une boisson alcoolisée très tonifiante.

1Les analyses effectuées lors des fouilles des sépultures Hunniques contrediraient la croyance selon laquelle le Huns sont mongoloïdes. Ces études montreraient qu’un quart d’entre eux seulement ont des gènes mongoloïdes les autres seraient de diverses origines et principalement indo-européennes. (Etudes à rechercher).

2 Une lieue gallo-romaine =  2222 m, 35 lieues = 78 km

Photos : Cheval  mongol  dont l’origine, la morphologie et les qualités sont proches de celles du  cheval des Huns.  Noter la forme de la selle en bois à hauts arçons et les étriers qui seraient une invention des Huns. Leur concept assure une excellente stabilité au cavalier (Photo Wikipédia)

 

Les Huns sont très fiers de leurs arcs réflexes asymétriques à double-courbure en matériaux composites.

Ces merveilles technologiques sont héritées de la très ancienne tradition archère des peuples cavaliers des steppes. Les meilleurs arcs huns sont constitués d’un cœur en bois minutieusement rainuré pour augmenter la surface d’assemblage, de corne de buffle d’eau d’Asie et de tendons de cerf, le tout assemblé avec de la colle de vessie natatoire d’esturgeon. La fabrication d’un arc peut s’étaler sur plusieurs années. Chaque étape de formage et d’assemblage est suivie de longs temps de séchage. Ces armes de taille courte sont idéales pour le combat à cheval. Leur distance de tir (jusqu’à 400 m) et leur cadence de tir sont nettement supérieures à celle d’un arc romain. Leurs adversaires rescapés décrivent une pluie de flèches déversée sur eux. Leurs arcs ont toutefois un défaut inhérent à leur conception : bien que plusieurs couches de vernis les protègent, la colle animale étant très hygroscopique, les arcs huns sont très sensibles à une forte humidité.

Arc de Hongrie, de fabrication actuelle sur le modèle proche de celui des Huns. L’original est plus court dans sa partie inférieure ainsi parfaitement adapté à la cavalerie. (photo d’un site de vente en ligne)

 

 

Or ce point-ci fut probablement décisif lors du siège d’Orléans par Attila. En effet les chroniqueurs rapportent que des orages d’une grande violence ont eu lieu pendant plusieurs jours consécutifs au cours du siège. Le ciel du quartier où se trouvait le gros des troupes était devenu si noir qu’Attila a renoncé à envahir la ville plus tôt. Était-ce par crainte d’un mauvais présage ou bien grâce au miracle accompli par Aignan, évêque d’Orléans qui avait craché en direction des Huns, sa salive s’étant transformée en déluge, ou bien… simplement par crainte que la colle de ses arcs ne se dissolve sous la pluie ? En tout cas Aetius a pu bénéficier de quelques jours supplémentaires pour venir secourir Orléans. Après la mort d’Attila son fils Allak, sans doute moins avisé que son père, s’est laissé imposer par les Ostrogoths et les Gépides de livrer bataille sous la pluie à Nedao (Serbie) en 454. Résultat, une défaite qui a changé la face du monde. Simplement, parce que la colle des arcs avait moisi, l’immense Empire des Huns était anéanti.

L’ENIGME DES VERITABLES RELATIONS ENTRE AETIUS et  ATTILA

Flavius Aetius

Flavius Aetius sera toute sa vie le défenseur inflexible de l’Empire Romain. Dans cet unique but, il n’a jamais hésité à s’allier lorsque c’était nécessaire avec des peuples barbares, il a su tirer parti de toutes les rivalités qui les opposaient. Homme de pouvoir, surdoué dans l’art de la diplomatie, sachant transformer ses ennemis en alliés, très clairvoyant, excellent stratège, doué du pouvoir d’emporter les foules par son éloquence, remarquable chef de guerre, qui est vraiment Aetius ? Aetius est né vers 395 à Silistra dans l’actuelle Bulgarie. Sa mère est issue d’une riche et illustre famille de la noblesse Romaine. Son père, Comte d’Afrique est un officier romain d’origine Scythe, peuple des steppes, tout comme les Huns. Aetius possède donc une double culture qui lui permet de parfaitement comprendre la mentalité barbare. Aetius est élevé à la cour impériale de Ravenne. Adolescent, il sera envoyé comme otage d’honneur de 405 à 408 à la cour d’Alaric, roi des Wisigoths, puis de 409 à 412 à la cour de Ruga (aussi appelé Roua ou Rugila), le roi des Huns pour lequel il gardera une grande estime. Il y apprend la langue ainsi que les forces et les faiblesses des armées hunniques. Selon certains historiens il s’y lie d’amitié avec Attila, neveu du Roi Roua. En 423 à la demande de l’empereur romain Jean (l’usurpateur), Aetius se rend en ambassade chez Ruga avec beaucoup d’or pour obtenir son appui contre la Régente, mère de Valentinien III (le légitime) âgé de six ans seulement. En plus de l’or, Aetius donne aux Huns la province de Savie et incorpore 40 000 Huns comme mercenaires dans l’armée romaine. En 425 Jean est exécuté. Alors Aetius, fidèle aux intérêts de Rome se met aux ordres de Valentinien III qui le nomme Magister Militum des Gaules. Il se sépare de ses mercenaires Huns. En 432, la situation militaire s’étant dégradée partout dans l’empire, Valentinien III congédie et dépossède de ses dignités Aetius qui, se sentant menacé va se réfugier chez Ruga. Le roi des Huns intervient  alors et oblige Valentinien à rétablir Aetius dans ses fonctions, avec une belle promotion  en plus. Quand Attila prendra le pouvoir, le  Patrice Aetius ne se sentira jamais redevable de lui, lorsqu’il s’agira de défendre les Gaules. Mais évidemment, le 20 juin 451 aux Champs Catalauniques, nettement vainqueur, il aurait dû tuer Attila. Il lui offre la vie sauve et  sans même le poursuivre le laisse repasser la frontière du Rhin. Quelques mois plus tard, Attila réclame une nouvelle fois la main d’Honoria et sa dot : les Gaules. Devant un nouveau refus de Valentinien, Attila en fureur se venge en anéantissant les villes les plus emblématiques de l’empire romain en Italie et menace directement la capitale Ravenne en 452. Attila meurt  en 453. La cour met en difficulté Valentinien en s’opposant au mariage de sa fille avec le fils d’Aetius. En plus Valentinien n’a pas pardonné au Patrice d’avoir laissé s’enfuir le roi des Huns. Certain qu’Attila mort, personne ne viendra venger Aetius, alors Valentinien assassine le 21 septembre 454 cet homme qui avait endigué les Wisigoths, battu les Francs ripuaires, assujetti les Francs Saliens, maîtrisé les Burgondes, intégré les Alains, évincé les Huns, dissipé les révoltes bagaudes. Stilicon a dit qu’Aetius a été « le dernier des Romains ». La fin de l’Empire romain était maintenant certaine.

Aetius et Honoria : images empruntées à Wikipédia

 

 

 

Attila, sauve-moi, je t’aime

Honoria, sœur aînée de Valentinien III, est brimée par son frère. Il l’a fait emprisonner à Constantinople sous prétexte qu’elle avait un peu trop d’amants, dont Eugène, son Intendant qui sera condamné à mort. Il a pourtant bien autre chose à faire Valentinien que de s’occuper des draps de sa sœur !

Honoria n’en fait ni une ni deux, elle envoie à Attila une jolie lettre d’amour accompagnée d’un magnifique bijou, prouvant ainsi la provenance du message. S’il accepte sa main, elle lui promet de partager avec lui l’Empire Romain d’Occident en lui offrant les Gaules ! Elle est l’aînée donc légitimement Impératrice, lui rappelle-t-elle. Attila envoie illico une ambassade pour chercher la belle Honoria et… sa dot. Valentinien a le toupet d’encore refuser ! «Ah, se dit Attila, ça ne va pas se passer comme ça, ça me met d’une humeur massacrante2 !» Sitôt dit, sitôt fait, il passe le Rhin et massacre d’innombrables citadins puis arrive à Orléans, dans notre quartier. Nos prédécesseurs du quartier en ont tiré la moralité : «l’amour de l’Hun, ne fait pas le bonheur de nous autres !»

Aignan, un rôle éminent dans la défense d’Orléans.

Aignan que l’on trouve également orthographié Anian serait né à Vienne en Dauphiné d’une famille originaire de Hongrie, en 358 pour les uns, ou vers 378 pour les autres. Il est devenu évêque d’Orléans à la mort d’Euverte mais à l’opposé de son prédécesseur, il met à l’écart les fastes et les ors de la fonction pour se consacrer aux plus faibles.

Comment un homme de l’âge d’Aignan a-t-il pu avoir la force de faire un voyage aussi épuisant jusqu’en Arles pour aller plaider auprès d’Aetius la cause des Orléanais convaincus qu’Attila leur réservait le même sort qu’aux habitants des villes de Mérovée.

Des historiens ont contesté cet épisode, mais d’autres historiens comme André Loyen (Le rôle de saint Aignan dans la défense d’Orléans – 1969) ont apporté une argumentation solide et attestée prouvant que le voyage en Arles a eu lieu : sur le parcours, Aignan s’entretient dans sa ville de Vienne avec Mamert futur archevêque puis passe une nuit à Saint-Gilles de Tarascon et au retour il va à Nîmes pour  prendre des reliques de Baudile, le Saint-martyre né à Orléans. Ces reliques lui serviront pour convaincre les Orléanais de résister.

1500 km aller-retour à raison de 75 km par jour en moyenne pour un voyageur pressé, il faut 20 jours. C’est  plausible. Après l’extermination de la population de Metz le 7 avril, Aignan a pu en être averti le 12, préparer son voyage, prendre la voie romaine en direction de Lyon le 15 avril et être de retour le 7 mai pour y organiser la défense de la ville, jusqu’à l’arrivée d’Attila que l’on situe vers le 20 mai.

Aignan est sorti personnellement de la ville pour parlementer avec Attila. Avec peu de succès, soit, mais il fallait en avoir le courage, car d’autres prélats qui avaient tenté de le faire quelques semaines auparavant l’avaient payé de leur vie. Le siège a duré près de 4 semaines et sans cesse Aignan a soutenu le moral de ses concitoyens.

Planche Illustrée en vente sur eBay

Saint-Aignan : très belle céramique d’André Rozay sculpteur (1913 – 1991)

 

 

 

 

Quelques documents :

Dans notre quartier, la réponse à une question historique a été trouvée :

Cenabum (=Genabum) était-il le nom  Romain de notre bonne ville ou bien celui de Gien comme le prétendaient certains historiens ? Cette plaque de marbre trouvée en 1846 rue du Faubourg Saint-Vincent sous le pont actuel, lors du creusement de la voie ferrée en direction de Vierzon a apporté la réponse. Grâce au vaste programme d’Aurélien de construction de remparts autour des cités stratégiques de l’Empire, au IVe siècle, la ville d’Orléans devient castrum. Elle sera dotée d’épaisses fortifications et changera de nom pour Aurelianum. Elle est décrite à cette époque comme l’une des plus prospères de tout l’empire Gallo-romain.

Phénomènes d’ampleur exceptionnelle de l’Histoire de la Météo : Années 451 et 452

Terrible sécheresse sur la Bretagne, suivi d’inondations http://www.prevision-meteo.ch/almanach/0-999

 

 

 

 

 

 

Les historiens s’opposent également sur ce sujet, trois versions principales :

Les Huns n’ont pas réussi à pénétrer dans la ville,

Grégoire de Tours écrit un siècle après le siège : A la demande d’Aignan les Orléanais regardent… « pour la troisième fois du haut du rempart, et aperçoivent de loin comme un nuage qui s’élève de la terre. Ils l’annoncent au pontife qui leur dit : C’est le secours du Seigneur. Cependant les remparts, ébranlés déjà sous les coups du bélier, étaient au moment de s’écrouler lorsque voilà Aetius qui arrive, voilà Théodoric, roi des Goths, ainsi que Thorismund son fils, qui accourent vers la ville à la tête de leurs armées, renversant et repoussant l’ennemi. La ville ayant donc été délivrée par l’intercession du saint pontife, ils mettent en fuite Attila »

Les Huns venaient de pénétrer dans la ville lorsqu’Aetius a été aperçu côté Sologne, mais les Huns n’ont pas eu le temps de commettre l’irréparable. Sidonius Apollinarius, évêque de Clermont au moment du siège écrit : «…que la ville d’Orléans ait été prise par la force au bout d’un siège fait dans les formes et sans avoir été, cependant mise au pillage…»

Les Huns ont commencé le ramassage des armes et le pillage d’Orléans quand Attila leur intima l’ordre de décamper d’urgence. Les Romains ont alors estourbi et jeté à la Loire les traînards !

Comment ça s’est passé aux Champs Catalauniques ?

Buvard  publicitaire Liebig chromolithographie en vente sur eBay.

Maintenant que vous savez avec quoi est fabriqué le véritable Extrait de Viande Liebig, l’aimez-vous toujours autant ?

 

 

Notre quartier d’Orléans marque la limite occidentale de l’invasion des Huns. C’est une quasi certitude Attila est venu lui-même fouler les terres de notre quartier. Combien les Huns étaient-ils vraiment ? D’abord sous le vocable Huns, sont inclus les Ostrogoths et les autres peuples. Nous avons dit 400 000, c’est beaucoup moins que certains auteurs qui annoncent 500, 700 000 mais ce n’est qu’une hypothèse. Les 70 000 combattants se déplaçaient avec une grande partie de leur population, le satellite qui a un rôle essentiel d’intendance : conduite des troupeaux (chevaux et bœufs), approvisionnement en nourriture, en flèches et autres armes, déplacement des nombreux chariots chargés de machines de guerre, de bateaux légers, du trésor de guerre, etc. Une organisation remarquable, chacun  connaît sa mission et l’exécute à la lettre. Souvent les historiens comptent le satellite au nombre des combattants car nous avons à faire à des prédateurs qui pillent les villes enlèvent femmes et enfants qui seront négociés contre rançon (8 à 12 pièces d’or chacun). Ils massacrent les populations sans état d’âme si leur roi en a décidé ainsi. Et les troupeaux, au moins 50 000 bêtes ! Eux aussi ils ravagent tout. Après un mois d’occupation du quartier, il ne doit plus rester un brin de végétation ou de céréales.  «Là où mon cheval passe, l’herbe ne repousse pas» clamait Attila, et c’était tellement vrai !

La localisation des Champs Catalauniques (=Campus Mauriacus) est toujours l’objet de polémiques : Plusieurs villes sont candidates plus ou moins fantaisistes au titre de «site de la bataille». Il est couramment accepté aujourd’hui que les terres proches de Châlons-en Champagne sont le site de l’une des plus emblématiques batailles de notre histoire. Tout près, à Pouan-les-Vallées en 1842 il a été découvert un tombeau royal qui est possiblement celui du roi Théodoric 1er  tué pendant la bataille.

Attila consultait ses chamans avant les batailles

Selon la tradition des peuples des steppes vieille de plus de 3000 ans, les prêtres-sorciers en état de transe pratiquaient diverses techniques divinatoires: examen des entrailles des ennemis, manipulation de tiges d’achillée millefeuilles et surtout scapulomancie qui consiste à prédire l’avenir à l’aide d’omoplates d’animaux. A Pont-sur-Seine, des rochers auraient servi dit-on à des sacrifices avant la bataille.

Abel Hugo 1836 (reprenant l’Histoire des Goths de Jornandès VIe

 

Beaucoup, vraiment beaucoup de morts !

On a lu souvent «Attila vaincu, quitte les Gaules» Il y aurait eu 500.000 hommes pour chaque belligérant et un véritable carnage : 100 000 tués et même 300 000. Allons, allons, comment serait-ce possible ? Attila devait avoir réuni 70 000 combattants au maximum (le satellite ne combattait pas) et Aetius devait en avoir au maximum  50 000. Le décompte des pertes humaines n’a jamais été fait et ne le sera jamais, mais on peut être sûr qu’il y a eu beaucoup, vraiment beaucoup de morts.

Le 20 juin 451, Attila fut-il vraiment vaincu ?

Les historiens s’accordent au moins sur le fait que les pertes ont été équivalentes de part et d’autre. Attila estomaqué de voir que les Alains avaient rejoint Aetius, a-t-il décidé de quitter le champ de bataille, très affaibli, soit, mais avec la ferme intention de reconstituer ses forces et, cette fois-ci,

Frapper l’Empire Romain au cœur : Ravenne puis Constantinople ? C’est en tous cas ce qu’il a commencé à faire quelques mois plus tard à Aquilée. Avait-il perdu l’honneur en se retirant ? Pour les Scythes, la fuite n’est pas honteuse, elle fait partie intégrante de la stratégie guerrière. Pour eux, tous les moyens doivent être employés pour atteindre la victoire définitive. Priscus l’avait écrit : Attila est diaboliquement rusé.

Il y en a eu du monde Faubourg Bourgogne le 14 juin 451 !

Non seulement, dans notre quartier, il y a les Huns qui plient bagages et reprennent la rue du Faubourg Bourgogne et sans doute la voie vicinale Saint-Marc aussi vite qu’ils le peuvent, leurs chariots étant tellement chargés de butin.

Mais maintenant voici Aetius avec 50 000 gaillards Wisigoths, Gaulois, Burgondes, Bretons, Alains et Francs. Marchant très bon train, ils sont arrivés par la Sologne, ont franchi le pont, traversé Orléans, sont ressortis par la porte Bourgogne en un immense flot continu. Ils sont presque aussi nombreux que les combattants d’Attila. Nos prédécesseurs du quartier les applaudissent très chaleureusement. Tout ce beau monde se dirige vers Châlons-en-Champagne. Le jour de la fête du solstice d’été, le 20 juin 451, mais ce soir là, ce ne sera pas la Fête de la musique.

«Ah dis-donc, ça va barder, a dit le barde gaulois. Effectivement ça a bardé !! »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce contenu a été publié dans Uncategorized. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.